Les écrivains publics font bien plus qu’aider à la rédaction et à la compréhension de courriers administratifs. Leurs permanences participent à l’émancipation personnelle, leurs actions collectives dénoncent des enjeux de société. Mais ces bénévoles travaillant dans l’ombre sont aussi de plus en plus amenés à accompagner les demandeurs d’emploi, faute d’effectifs du côté des services publics.
Cosmos tend sa main pour y accueillir une clé USB. La troisième depuis le début de sa permanence, il y a moins d’une heure. En quelques clics, il ouvre le document pointé du doigt par l’homme qui vient de s’installer face à lui. «J’ai déjà écrit quelque chose, explique le monsieur. C’est de la matière brute, il faudrait remanier.» Une lettre destinée à un fournisseur d’électricité. Cosmos pose quelques questions pour mieux cerner le contexte, puis il tape sur son clavier, relit à haute voix, échange encore quelques mots, repose des questions, remanie le texte, sauvegarde le tout et rend la clé à son propriétaire. Sur le pas de la porte, l’homme lui lance un dernier mot: «Les gens sont pris par le rouleau compresseur du système, ils vivent des injustices. Il faut leur laisser la possibilité de se défendre, grâce à des permanences comme la vôtre.» S’ensuit une demande de mise à jour d’un CV, pour un jeune Marocain accompagné d’un ami qui traduit, sommairement: «Rajouter ouvrier polyvalent usine Marchienne.» Après quelques précisions, Cosmos plonge son regard dans l’écran. Échange de poignées de main, les deux hommes remercient et sortent.